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11h50

2 février 2017 - Réchauffement / Autofictions
Dans la gare, le mur du fond du kiosque est maintenant couvert de petites annonces faites sur des débris de papier tenus par des punaises. Officiellement, les patrons ne s’en occupent pas, mais on m’a dit qu’ils prenaient quelques pièces aux annonceurs, le prix d’entrée étant une promesse de protection et donc une garantie contre le vandalisme, they say. Aucun moteur de recherche bien sûr, aucune indexation, le flair, les réflexes, l’intuition et l’intelligence sociale à la place de la transparence objective. Petites annonces en mode post-truth. Généralement, les locations d’appartements occupent la partie gauche, quelques unes se perdent ailleurs. Je sais que les filles sont déjà passées mais je jette un coup d’oeil moi-même et prends quelques références, surtout en centre ville, que j’ajoute à mon propre carnet.
Aucune de ces annonce n’est complète, les prix n’y sont pas toujours, mais toutes comprennent un numéro de téléphone et un ratio (nombre d’occupants/nombre d’emplois à 100%), ce que le gouvernement interdira bientôt, sans effet bien sûr sur le mur du fond du kiosque.
Dans la Rome Antique les choses devaient sans doute fonctionner ainsi: on allait consulter le type qui connaissait les propriétaires de logements. Peut-être quelques informations écrites étaient-elles échangées sur des bouts de poterie, des pièces de bois. Une société de relations personnelles, d’échanges et débrouille. Un univers très déroutant pour moi et dans lequel les filles, par notre faute, ne sont pas très à l’aise.
Voici ce qu’elles cherchent: appartement pour quatre personnes, entre Lausanne, Prilly, Pully, Malley (pas Renens, ni plus loin). Leur ratio est de 1,33 car les deux Ukrainiennes travaillent mais sans aucune possibilité de le prouver. J’ai recopié huit annonces dans ma petite base de données personnelle et portative. Malgré ma répugnance, j’appellerai tout à l’heure.
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Une réflexion sur “ 11h50 ”

zanzibar

Implicites de ce texte: mes filles ont une vingtaine d’années et sont indépendantes. Nous sommes en Suisse, beaucoup de choses sont réglementées, notamment fort contrôle du logement. Les annonces publiées en ligne doivent se conformer à des modèles tellement contraignants qu’un système d’annonces informel existe.
Le travail est plus rare, colocations tellement fréquentes que les bailleurs exigent un certain nombre de salaires par rapport au nombre de personnes logées (=le ratio). C’est un phénomène plutôt localisé à la Suisse.

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