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8h38

22 janvier 2017 - Réchauffement / Autofictions
Je viens de déposer les enfants à l’école, je marche cinq minutes jusqu’au bureau. Une montée un peu sèche jusqu’au parc, puis traversée du parking des juges, une rue à traverser, un chemin pavé à redescendre, une autre rue – bien plus chargée en voitures, puis enfin l’immeuble du bureau.
A ce moment là je suis surtout avant et après. Avant : j’écris à Cecci par WhatsApp pour dire que Rosa et Marguerite sont en classe, c’est un rituel. Après : je relève parfois les mails pro tout en marchant, voir si quelque chose est arrivé pendant la nuit, ça limite un peu les surprises pour le moment où je poserai enfin mes fesses sur le siège. Je ne peux quand même pas m’empêcher non plus d’être pendant.
Pendant : je marche sur un trottoir goudronné, dans une ville bien ordonnée, un quartier très actif, les voitures circulent, les gens arrivent au boulot, d’autres sortent du métro, des ascenseurs. Ce n’est pas la foule, juste la pulsation normale de l’existence moderne, celle à laquelle beaucoup de gens dans le monde aspirent. Les magasins, les bureaux sont allumés, tout ça tire de l’énergie, des barrages plantés dans les Alpes, des quatre vieilles centrales nucléaires posées quelque part là-bas dans l’est du pays. Nous ne sommes pas en Chine, mais la ville est dynamique, comme on dit, l’activité s’accroit, les transports publics se développent, les loyers déjà élevés augmentent encore.
Plus de béton, plus de voitures, plus de parkings, plus d’électricité, plus de ressources dépensées à remplir les magasins de trucs et de machins qu’on ira acheter et jeter à leur tour, des fringues qui ne durent pas, des gadgets un peu utiles mais pas trop. J’arrive au bureau, je quitte la grande vibration de la rue, j’hésite à prendre l’ascenseur. Hey, je ne suis pas si vieux, et ce n’est qu’au deuxième étage… Allez, à pied ! Si j’appuie sur le bouton, ça fera encore un paquet d’énergie dépensée en trop.
Dans les bureaux, toutes les lumières sont allumées, et des dizaines de laptops et d’écrans 24 pouces, et des écrans de supervision immenses qui permettent de surveiller l’état du système. On les a choisis parce qu’ils ne consomment pas trop. Mais dans la pièce où ils se trouvent, on n’allume jamais les radiateurs.
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Une réflexion sur “ 8h38 ”

zanzibar

La série de textes marqués 2017 a été écrite avant le début du projet, alors que j’essayais de capter des impressions et des sentiments. Il m’a semblé qu’ils pouvaient toutefois rejoindre le corpus initial.

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