Donc je tape ces mots sur le vieux MacBook Air. Je l’ai branché, allumé, il s’est mis en route du premier coup. A part quelques petits détails (comme les touches i & o, toutes les deux capricieuses) tout marche, ça ouvre des perspectives réjouissantes pour les jours à venir, la reprise du rythme de l’écriture le matin, une séquence d’une heure personnelle avant que les autres ne se lèvent. Je cherche à installer la machine ancienne (!) dans le nouvel écosystème, post-Coupure. Ce processeur réservé à moi seul me rempli d’une joie particulière, mon premier ordinateur a été un jouet, ils sont tous restés des jouets d’une façon ou d’une autre et là je retrouve l’indépendance et mon goût des systèmes clients lourds. J’essaie de ne pas trop en faire, même si les tentations sont nombreuses. Je sais qu’il existe des routeurs wifi vers le NetSwiss, mais ça me forcerait à déclarer la machine, mais je ne l’ai pas fait jusque là, je ne vais pas commencer maintenant, privacy oblige. Toutefois, sans NetSwiss, pas de sauvegarde, pas de persistance des mots, pas de partage, à moins de passer par des supports durs. Moins d’une heure ce matin, beaucoup de temps passé à jouer, peu à écrire. Les simples sauvegardes manuelles ont quelque chose de rassurant, manipuler des objets, ranger des bidules en plastique dans des boîtes. Et à taper sur un clavier je m’installe dans la lignée de moi-même, je ne suis pas un écrivain du papier et du stylo, je suis fils de l’AZERTY.
Je consulte des catalogues de trucs et de machins, des brocantes et des espaces du gratis. Je me demande ce qui peut se savoir et se deviner de mes questions et de mes vagabondages. Rien et tout. Je pense à Mathilde Seznec, à la construction délirante de l’accusation faite à partir des morceaux de sa vie remontés et réinterprétés. De la guerre des clans à l’éco-Djihad.
Je finirai bien par acheter des câbles, un vieux routeur et des clés USB. Par laisser des traces, par refuser que ce que j’écris disparaisse.
Je ne sais pas mentir.
Une réflexion sur “ 6h20 ”
Dates: mon coeur balance entre +15 et 2032. Mes principes d’auteur de SF disent: « ne met pas de dates ». L’autofiction l’imposerait pourtant.
Implicites de ce texte: Internet très segmenté et réglementé, Cloud « nationaux ». Surveillance. Avoir son propre réseau local, c’est déjà être un hacker (mais nous sommes nombreux)